Axe 3 « Croyances et politique »
Animé par Dilek Yankaya et Alix Philippon
Cet axe s’inscrit dans une longue tradition de recherches sur le fait religieux comme objet d’études politiques dans le champ académique aixois. Il veut contribuer au renouveau des travaux sur les formes d’interaction ou d’imbrication entre religieux et politique. En considérant les deux notions dans un sens extensif et non exclusif, comme deux modalités de la construction sociale de la réalité, cet axe non seulement relativise les bornes censées les séparer mais remet en question la manière dont ces séparations sont fabriquées en faisant dialoguer les approches disciplinaires en SHS et en déployant une démarche comparatiste et transnationale. À rebours du paradigme longtemps dominant de la sécularisation, le religieux, en mutation permanente, est un élément de structuration constante de l’organisation politique des sociétés et des relations internationales. Depuis le milieu du 20e siècle, il s’est recomposé dans de nouveaux modes de croire et a réinvesti l’espace public et le champ politique de multiples manières et à différentes échelles.
Membres de l’axe
Les travaux réunis dans l’axe s’intéressent aux manières, sans cesse renouvelées, dont le religieux, comme logique de stratification sociale, système de croyances, ensemble de pratiques et/ou organisation sociale, participe à la fabrique du politique (production, négociation et contestation des normes et des idées, construction des identités politiques, conception et internationalisation de politiques publiques religieuses, mutations du conflit social, formation de mouvements sociaux contestataires et/ou conservateurs, etc.). L’intérêt heuristique de l’objet religieux est qu’il appelle à faire dialoguer de nombreuses littératures, comme notamment la sociologie de l’action publique, des controverses, des mouvements sociaux, de l’État et de l’international. Cet axe de recherche vise donc à analyser les processus de politisation du religieux et de dépolitisation par le religieux aussi bien par le haut, comme catégorie de l’action publique et objet de gouvernement, que par le bas à travers des actions collectives, des mobilisations et des contestations. À ce titre, cet axe s’intéresse aux acteurs ou pratiques religieux qui ne sont pas nécessairement orientés vers le champ politique en apparence mais qui participent intimement aux configurations des logiques et des légitimités politiques selon les enjeux en question (Objets Politiques Non identifiés -OPNI : fêtes, pèlerinages, miracles, etc.). Ainsi, plus que les religions elles-mêmes, cet axe prend comme objet le rapport au religieux en mettant la focale sur les acteurs et leurs pratiques au prisme du statut minoritaire ou majoritaire qu’ils occupent dans des contextes politiques et historiques spécifiques. Bien que les études sur l’islam et le monde arabe et musulman aient été traditionnellement privilégiées, l’axe s’intéresse à toutes formes de religion et de religiosité sans limite aréale.
Les chercheurs de cet axe interrogent ces éléments principalement à partir de quatre prismes :
Mots-clés : autorité, légitimité, normes, croyances, construction identitaire, conflits, politisation, aide au développement, politiques publiques religieuses, politique par le bas, fêtes, laïcité, sécularisation, désécularisation, dérégulation, individualisation, territorialisation, lieux de culte, islam, monde arabe et musulman.