Axe transversal
« Images et sciences sociales »

brain

De nouvelles attentes de la société, de nouvelles manières de travailler

Cet axe transverse se situe à la rencontre de transformations intervenues dans le monde de la recherche à la suite du développement de ce qu’il est convenu d’appeler les humanités numériques et de changements dans les attentes sociales que les chercheurs peuvent se donner pour mission de satisfaire. Les Humanités se trouvent renouvelées par le numérique qui affecte les façons de travailler des chercheurs. Réciproquement, les attentes de la société vis-à-vis des chercheurs sont stimulées par le numérique, en faveur d’une science publique, participative, tant dans ses questions que dans l’appropriation la plus large possible des connaissances que les chercheurs contribuent à faire émerger. Il n’y a aucun hasard à ce que ces questions viennent aujourd’hui à l’agenda pratique de chercheurs d’une unité qui met en avant son attention à l’empirie, sa réflexion sur les pratiques d’enquête et d’exploitation d’archives, sur l’action publique saisie à hauteur de femmes et d’hommes, et sur les façons de constituer des objets de préoccupation sociale et politique, voire d’injonction, et d’en tenir d’autres à l’écart. Mais cela mérite d’être documenté pour savoir en tirer tout le parti imaginable et d’être discuté collectivement

Le chemin parcouru

Dès la phase de création de MESOPOLHIS, plusieurs rencontres ont permis de recenser et de faire dialoguer des expériences d’analyse des images par les sciences sociales et des pratiques des sciences sociales avec l’image. Ainsi, la journée d’étude « Images et sciences sociales. La recherche avec-par-de-sur l’image » (coord. Philippe Aldrin et Pierre Fournier) qui s’est tenue à la MMSH le 14 mai 2019 a été une première occasion de partager les enseignements tirés de ces expériences au sein et au voisinage scientifique de la future unité. Cette rencontre a été l’occasion d’exposer les expériences de recherche de plusieurs membres de la future unité (Marc Bernardot, Nathalie Chapon, Stéphanie Dechezelles, Jean Lagane, Frédéric Monier, Magali Nonjon, etc.)

En prolongement, la rencontre « Pour une sociologie visuelle du politique » (coord. Philippe Aldrin et Julien O'Miel, MCF à l’Université Lille 2, CERAPS) a été organisée le 19 novembre 2020 et a permis la constitution d’un collectif inter-laboratoires articulé aux enjeux à la fois méthodologiques et théoriques des interactions entre images et sciences sociales autour du politique.

Le Salon des écritures alternatives en sciences sociales, organisé à Marseille au MUCEM le 10 janvier 2020 par le GDR Images et sciences sociales, a proposé une table ronde (coord. Pierre Fournier avec S. Bianchini, P. Cesaro, et F. Cozzolino) pour interroger des expériences de collaboration entre chercheurs en sciences sociales et acteurs de l’économie créative. Elle a été l’occasion pour des chercheurs de l’unité de découvrir que leurs envies étaient partagées par d’autres chercheurs et que la relation avec les pratiques artistiques autour de l’image pouvait s’entendre sous des formes très diverses de collaboration. 

Nos actions en cours

Autour d’image et politique

Préparant une « Conversation méthodologique » qui s’est tenue dans le cadre du Congrès 2022 de l’AFSP sur le thème : Faire de la sociologie politique avec et par l'image.

Se prolongeant avec un séminaire interdisciplinaire à la MMSH d’Aix-en-Provence en 2022-23 sur le thème Images du politique, politiques de l’image en Méditerranée

Et avec une réflexion sur faire citoyenneté à distance de la socialisation étatique.

Autour d’archives audiovisuelles et sciences sociales

Avec une réflexion sur les images de fiction dans la recherche

Et une réflexion sur les réusages d’archives audiovisuelles dans la recherche, à la télévision et dans l’art

Sous forme d’initiatives dispersées

Des interventions dans le séminaire général du laboratoire :

Jean-Louis Fabiani, le 24 septembre 2021, autour de son ouvrage Clint Eastwood, Paris, La Découverte, 2020

Affiche séminaire JL Fabiani 24sept21

Nos réalisations audiovisuelles

Autour du contrat Nuxolo avec la mission interdisciplinarité du CNRS

Sur les traces des atomistes. Un pas de côté pour un sociologue de terrain

P&P Production, 2016, 85 mn, film réalisé par Pascal Cesaro et Pierre Fournier.

 

Un feuilleton romanesque de l’ORTF, diffusé à la fin des années 1960 et retrouvé dans les archives de l’INA, met en scène la vie de salariés du nucléaire en Provence avec des images particulièrement précises du travail. Une recherche sur les conditions de production de ces images montre que, sans être un documentaire sur le monde nucléaire, cette fiction répond à un cahier des charges particulier et bénéficie d’entrées favorables à une certaine vérité des images techniques comme des relations humaines de cet univers. Des extraits du feuilleton projetés par un sociologue à des personnes vivant aujourd’hui près du centre de recherche où se joue la fiction suscitent chez elles des récits qui aident à comprendre ce que signifie venir travailler dans cette industrie et vivre tout près. Une façon de profiter de réminiscences suscitées par la proximité émotionnelle de l’expérience de ces personnes avec tel ou tel aspect de la réalité fictionnelle présentée dans le feuilleton. Une façon peut-être aussi de dépasser les représentations abstraites du débat public sur ce sujet polémique ou le silence derrière lequel se retranchent parfois les personnes vivant près des centres nucléaires.

Les Atomistes

Autour du contrat Fifas avec la fondation AMIDEX

De la fiction faire science. Une expérience de vidéo-élicitation pour sortir d’une situation de parole 
empêchée

P&P Production, 2019, 45 à 85 mn, documentaire interactif réalisé par Pascal Cesaro et Pierre Fournier.

 

Un sociologue et un chercheur en cinéma s’emparent d’un feuilleton télé des années 1960 pour explorer ce que veut dire venir travailler dans le nucléaire en montrant à des personnes qui vivent près du centre où se joue la fiction des extraits qui mettent en scène le travail dans ce secteur et en mettant en perspective leurs réactions. Le documentaire interactif suit les chercheurs dans les différentes étapes de cette expérimentation, avec leurs échecs et leurs succès, montrant la mise au point d’une démarche de recherche qui vise à contourner une situation de « parole empêchée », de parole rendue difficile par le débat public qui clive très fortement les positions sur un sujet polémique. Il propose au spectateur qui le souhaite d’entrer dans le détail pour imaginer d’autres configurations où mettre à l’épreuve cette démarche de vidéo-élicitation.

Autour du contrat Alcov avec l’Agence nationale de la recherche

Inconnu(e)s dans la 6e - Brignoles, chroniques électorales 

Pixel Plume Production, 2018, 1h26, réalisé par Philippe Aldrin et Marie-Ange Grégory.

Avec une équipe de tournage, deux politistes se sont immergés pendant un an dans la vie politique de Brignoles, petite ville du Var que ses habitants jugent sur le déclin, avec ses zones commerciales périphériques, ses nouveaux quartiers pavillonnaires et son centre-historique désert. Ignorée et pourtant célèbre après les succès obtenus ces dernières années par les candidats du Front National aux élections locales, Brignoles souffre aussi d’un sentiment de stigmatisation de la part des médias nationaux.

Au plus près des acteurs de la vie politique locale, le film suit au jour le jour la séquence électorale de 2017. Commencé à la fin de l’année 2016 et achevé en août 2017, le tournage rend compte de la traversée d’un cycle électoral sous haute tension politique, la circonscription de Brignoles – la 6e du Var – étant promise au FN par tous les sondeurs et les commentateurs.

 

Le parti pris des réalisateurs consiste à prendre au sérieux les logiques propres au territoire, avec ses évolutions urbaines, démographiques et économiques. Attentif au contexte particulier de la ville et de ses acteurs, le film s’attache à mettre au jour les stratégies localisées face à la recomposition de l’offre politique nationale (« affaire Fillon », « phénomène Macron », rétraction des partis au local, formes localisées du mouvement "En Marche", démobilisation électorale dans les petites villes moyennes, tassement du PS, etc.) ou des façons de faire campagne.

Ce faisant, le film montre un moment électoral dans une ville moyenne, l’incertitude des équipes de campagne, la forte rétraction des partis dans ces territoires, les formes localisées du mouvement "En Marche", la démobilisation électorale... Il rend également compte d’une expérience d'ethnographie filmée du politique.

Affiche-Docu-Inconnues-2018-354x500