mars 2022

25mar14 h 00 min16 h 30 minAtelier transversal de lecture
Gouverner la ville sous contraintes : Paul Peterson et City Limits

Détails

Coordination et animation des séances : Claire Bénit-Gbaffou et Cesare Mattina
Pour cette séance : textes sélectionnés et présentés par Gilles Pinson (IEP Bordeaux)

Nous poursuivons notre réflexion sur « Gouverner la ville » à partir des textes classiques états-uniens et autour du débat entre théories élitistes et théories polyarchiques du pouvoir dans la ville, avec la lecture des travaux de Clarence Stone sur les « régimes urbains ». Son célèbre ouvrage de référence (Regime politics : Governing Atlanta, 1946-1988, Kansas University Press, 1989), étudie empiriquement, sur un temps long, les continuités et les ruptures du gouvernement d’Atlanta. Stone y démontre qu’en dépit d’un changement démographique et politique qui voit la montée en puissance des populations noires dans la société urbaine et dans la municipalité, les politiques urbaines demeurent défavorables aux classes populaires noires et centrées sur les logiques de la croissance urbaine. C’est en s’interrogeant sur cette continuité a priori paradoxale que Stone développe sa théorie dite des « régimes urbains », en montrant pourquoi les politiques urbaines dites du « développement » (centrées sur la poursuite du développement économique et de la valorisation foncière), sans être automatiques, sont celles qui se retrouvent le plus fréquemment au centre des agendas politiques des villes, portées par des coalitions de gouvernement composées d’acteurs publics et privés disposant d’un « pouvoir de préemption » (preemptive power). Ce dernier se construit en mobilisant des ressources permettant non seulement d’accéder au pouvoir, mais aussi de s’y maintenir en développant une capacité de gouverner durablement : un « pouvoir de faire » (power to) et non pas uniquement un « pouvoir d’influence » (power over).


Texte 1

“Chapter 1. City limits and the study of urban politics” > p. 3 à p. 16 incluse (14 pages)

Dans ce chapitre, P. E. Peterson commence par contester la tendance des études urbaines à considérer la ville comme un Etat en miniature, et se positionne par rapport aux débats qui ont agité les études urbaines : sur le « community power », sur l’opposition entre réforme et machines, les « comparative urban policy », les études sur le fédéralisme US. Ces approches s’intéressent aux rivalités entre groupes sociaux et aux organisations politiques qui les représentent, en pensant que les ressources que peuvent mobiliser les groupes et les organisations sont les mêmes qu’au niveau national, ce qui est faux selon Peterson.


Texte 2

Extraits du “Chapter 2. The interests of the limited city” > p. 17 à p. 29 incluse (13 pages)

Dans ce chapitre, Peterson propose un point de vue qui structure tout le livre selon lequel il est possible d’identifier l’intérêt objectif d’une ville. Cet intérêt n’est pas le produit de la somme des intérêts individuels qui la composent comme le suggèrent les utilitaristes ; il n’est pas non plus le produit du travail des institutions politiques comme le pensent les pluralistes. Il est le résultat objectif du positionnement de la ville dans un contexte territorial et institutionnel concurrentiel. « Policies and programs can be said to be in the interest of cities whenever the policies maintains or enhance the economic position, social prestige, or political power of the city taken as a whole” (20). Pour Peterson, la ville a un intérêt propre en tant que « set of social interactions structured by their location in a particular territorial space » (20). Les politiques qui améliorent la désirabilité ou l’attractivité d’un territoire sont dans son intérêt car elles bénéficient à tous les résidents. En fait pour Peterson, les villes n’ont d’autre choix que de se comporter comme des firmes. Elles doivent se soucier avant tout de leur prospérité économique, génératrice de ressources pour financer les services publics.


Texte 3

Extraits de “Chapter 4. Toward a New Theory of Federalism”, > p. 66 à p. 77 incluse (12 pages)

Dans ce chapitre, Peterson s’intéresse aux théories du fédéralisme. Pour lui, le fédéralisme fondé sur la co-présence de 2 niveaux de pouvoirs souverains est mort avec la Guerre de Sécession et l’expansion graduelle des pouvoirs fédéraux. Il ne peut pas y avoir de retour à la double souveraineté, il faut au contraire s’attacher à une distribution qu’il considère optimale des pouvoirs et compétences entre niveaux. Les gouvernements locaux sont dans un système ouvert qui les oblige à se préoccuper avant tout de leur performance économique. Ce qui laisse peu de place aux « egalitarian concerns » (69). Les gouvernements nationaux ont aussi des politiques

développementales mais qui sont accompagnés de politiques redistributives. Qu’est-ce qui leur permet de coupler les deux ? La capacité qu’ont les gouvernements nationaux de limiter l’impact des flux économiques extérieurs sur leur territoire.

Texte 4

[Bonus] “Extrait du Chapter 5 – Cities, Suburbs, and Their Schools”, > p. 93 à p. 99 incluse (7 pages)

Le chapitre illustre, à partir du cas des écoles, le caractère foncièrement compétitif du système territorial américain et les effets d’inégalité qui en découle. « Ironically, schooling, the service-delivery system said to best exemplify America’s commitment to equality, is largely provided by the level of government least able to engage in redistribution » (94). En effet, dans les aires métropolitaines, un système éducatif dual a émergé. Dans les zones centrales, les « big city school systems » gérant des aires très vastes, les villes n’ayant pas la possibilité de « choisir » leurs résidents, ce sont les objectifs redistributifs qui dominent ; les gens riches paient pour les ménages pauvres du fait d’une redistribution inter-quartier. « With uniformity comes redistribution, and with redistribution comes damage to the city’s economic interests » (105). A l’inverse, dans les communes périphériques souvent homogènes économiquement, et qui ont plus de capacité d’être exclusive socialement, chaque municipalité poursuit avant tous des objectifs de développement.

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Horaire

(Vendredi) 14 h 00 min - 16 h 30 min

Emplacement

MMSH A154

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