Séminaire Maghreb Amazigh – Séance 4
Protohistoire et berbérisation de l’Afrique
septentrionale et des îles Canaries :
langues, identités, matérialités

23fev10 h 00 min12 h 00 minSéminaire Maghreb Amazigh – Séance 4
Protohistoire et berbérisation de l’Afrique
septentrionale et des îles Canaries :
langues, identités, matérialités

Détails

Coordinatrices du projet : Karima Dirèche – TELEMMe ; Malika Assam – IREMAM ; Aude Signoles – Mesopholis 

Intervenants : Jorge Onrubia Pintado, Professeur titulaire de l’Universidad de CastillaLa Mancha, directeur du Laboratorio de Arqueología, Patrimonio y Tecnologías
Emergentes (IDR).
Discutant : Jean-Pierre Bracco, PU Lampea- AMU

Protohistoire et berbérisation de l’Afrique septentrionale et des îles Canaries : langues, identités, matérialités

« Cueva Pintada, chambre rupestre du « palais » des chefs indigènes de l’île à l’arrivée des
conquérants européens »
(©Laboratorio de Arqueología, Patrimonio y Tecnologías Emergentes (IDR) )

Du point de vue étymologique le terme « Protohistoire » pourrait être assimilé à celui d’Histoire « première » ou « primitive ». Mais son usage au sein des disciplines historiques est problématique en termes aussi bien chronologiques que socioculturels. À l’heure actuelle, le terme Protohistoire désigne une catégorie historique polysémique et labile qui
s’applique à des périodes et à des sociétés aux limites temporelles et aux spécificités culturelles floues et fluctuantes. On peut cependant en distinguer deux usages principaux
qui relèvent, chacun d’eux, d’un cadre conceptuel et d’une pratique disciplinaire différents.
Il existe, d’une part, une utilisation à valeur évolutive et chronométrique qui tire ses origines
d’une conception universaliste, largement inspirée du diffusionnisme et des repères
chronologiques longtemps fournies par l’histoire et l’archéologie du Proche-Orient. Cette
vision considère que la Protohistoire constitue une étape dans l’histoire de l’humanité
caractérisée par la mise en place des processus de différentiation sociale, pouvant donc
débuter au Néolithique mais s’étalant essentiellement de la découverte de la métallurgie
à l’invention de l’écriture. Le deuxième usage repose sur une conception plutôt relativiste
et « méthodologiste ». Il considère que le champ de la Protohistoire est surtout lié à la
nature de la documentation disponible, avec notamment l’existence de témoignages
textuels indirects susceptibles de compléter les observations archéologiques. Ceux-ci
peuvent soit émaner d’autres peuples contemporains, soit correspondre à des récits,
basés sur des écrits ou des traditions orales, nettement postérieurs à la période dont ils
portent témoignage.

Pour ce qui est du Maghreb et du Sahara et sous l’égide notamment de Gabriel Camps,
maître incontestable des études protohistoriques sur la région, la Protohistoire a fini par
devenir, en empruntant ses mots au pied de la lettre, « la science des origines berbères ».
Il est par conséquent facile à percevoir à quel point le processus de construction
disciplinaire de la Protohistoire nord-africaine a contribué et contribue encore, en retour, à
une vraie ethnogenèse : la « berbérisation » des populations qu’elle se donne pour but de
(re)présenter et d’historiciser. Mais contrairement à la vision anhistorique, d’une histoire
sans histoire que le projet historiographique de Camps pourrait laisser à tort supposer, la
Protohistoire nord-africaine se présente, en revanche, comme un scénario historique
dynamique et multiforme à forte variabilité socioculturelle et spatio-temporelle.
Au-delà des incontestables dynamiques endogènes, cette variabilité est en relation avec
la spécificité, en termes d’autochtonie et d’acculturation, des différents processus de
contact interethnique et culturel qui caractérisent, dans la longue durée, cette période.
D’abord, l’influence de l’Egypte pharaonique sur la Libye actuelle et le Sahara oriental et
celle des péninsules Italique et Ibérique, et des îles situées au large de leurs côtes, sur
les territoires nord-africains qui leur font face pendant le Chalcolithique et l’Age du Bronze
européens. Ensuite, la colonisation phénicienne et grecque, puis romaine, de l’ensemble
du littoral du Tell méditerranéen et d’une partie de la côte atlantique du Maroc actuel. Il est
à noter que, de toute vraisemblance, l’une des conséquences de cette pénétration
coloniale antique serait le peuplement des îles Canaries.
Dans l’état actuel des recherches, il n’est toujours pas aisé d’établir le rôle joué par ces
scénarios historiques de « contagion » et de changement culturel, qui sont toujours à
double sens, dans l’introduction et la diffusion de tout un ensemble d’éléments matériels
ayant traditionnellement servi à caractériser la Protohistoire nord-africaine : métallurgie du
cuivre, du bronze et du fer, cheval attelé et monté, écritures libyco-berbères, dromadaire…
Ni non plus de déterminer leur contribution relative aux processus locaux de différentiation
et de stratification sociale qui, en ce moment même, aboutissent à l’émergence de
chefferies voire de vrais États autochtones.
Sur la base des données fournies par l’archéologie, mais sans oublier les apports des
sources textuelles, de la linguistique historique ou de l’anthropologie biologique, cette
présentation se propose de brosser un état de l’art sur la Protohistoire de l’Afrique
septentrionale et des îles Canaries. L’accent sera mis sur la question de la reconstruction
linguistique et de son rapport avec les identités ethniques.
Présentation du projet de recherche Maghreb Amazigh : https://somum.hypotheses.org/1037
Site du projet de recherche Maghreb Amazigh : https://magamazigh.hypotheses.org/

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Horaire

23 février 2022 10 h 00 min - 12 h 00 min(GMT+02:00)

Emplacement

MMSH - Salle 113

5 Rue Château de l'Horloge, 13090 Aix-en-Provence

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