Pour la journée du MESOPOLHIS 2023, placée sous le Haut patronage du Président d’Aix-Marseille Université, nous avons choisi d’interroger les usages de l’histoire par les sciences sociales. C’est une occasion pour la communauté MESOPOLHIS, et au-delà, de s’arrêter un moment sur les enjeux méthodologiques, et parfois épistémologiques voire éthiques, que soulèvent nos pratiques et d’ouvrir le débat avec une discipline traversée par plusieurs courants (la micro histoire, l’histoire connectée…), qui questionnent de façon pertinente nos façons de faire et de penser. L’articulation des savoirs historiens et sociologiques est saisie à partir d’une recherche en acte.

Cesare Mattina et Elisabetta Bini l’aborderont au sortir d’une sociohistoire comparée des sites énergétiques de France et en Italie.

Nouran Gad et Théo Borel rendront compte d’un travail sur les migrations des jeunes en Méditerranée, alors que Dilek Yankaya et Lucas Faure traiteront des acteurs confessionnels du développement.

Notre Guest Star pour cette journée est le Professeur Giovanni Levi, dont la principale actualité est la réédition italienne, 35 ans après, de son œuvre maîtresse, L’Eredità Immateriale, (Le pouvoir au village, histoire d’un exorciste dans le Piémont du XVIIe siècle, Gallimard, 1989) qui est à notre avis un événement considérable pour des chercheurs en sciences sociales, notamment ceux parmi eux qui revendiquent des approches de sociologie historique.

Giovanni Levi revendique une conception de l’histoire comme science des questions générales, et non comme celle des généralisations. Levi interrogeait lors de la première édition les usages des archives appréhendées comme traces et non comme preuves, et considérait comme crucial le traitement des marges de la société et des représentations des faits anodins. Il se donne le droit 35 ans après d’esquisser une critique pertinente des faiblesses méthodologiques de courants historiographiques plus récents, notamment ceux de l’histoire globale et de l’histoire connectée, et de la tendance à renoncer à une histoire qui part des États.

Pour lui, comme le rappelle Béatrice Hibou dans sa préface à cette réédition traduite et publiée en français par la revue Sociétés politiques comparées : « La limitation de l’histoire à une causalité factuelle mécanique, et plus encore sa simplification aux seules solutions qui ont historiquement prévalu, contribuent à déprécier la signification même de l’histoire.

La microstoria plaide au contraire pour une histoire totale (et non globale), c’est-à-dire une histoire de la complexité des actions et des faits dans laquelle les femmes et les hommes ont été et seront les protagonistes ».

Ces principes qui pour nous constituent une invitation sérieuse à une pratique aussi bien de la pluridisciplinarité que de la sociologie historique et comparée du politique gagneraient à être mis en débat à l’occasion de la journée du MESOPOLHIS.

Journée 16 juin 2023 – Programme

8 h. 45

Café de bienvenue

Mot d’ouverture des Directeurs de MESOPOLHIS Marc Bernardot et Mohamed Tozy

9 h. 15

Faire de l’histoire en sociologues, faire de la sociologie en historiens. Sociohistoire comparée et multiscalaire des sites énergétiques en Italie et en France

Cesare Mattina (Maître de conférences en sociologie à Aix-Marseille Université, Mesopolhis), et Elisabetta Bini (Professeure d’histoire contemporaine à l’Université de

Naples Federico 2)

10 h. 15

Présentation du numéro de Critique Internationale : Les acteurs confessionnels du développement
Dilek Yankaya (Maîtresse de conférence en science politique à Sciences Po Aix, Mesopolhis) et Lucas Faure (Doctorant en science politique, Mesopolhis)

11 h. 15

Pause café

11 h. 30

Les migrations des jeunes en Méditerranée durant la période contemporaine. Approche croisée Histoire-Sociologie-Anthropologie
Nouran Gad (Doctorante en science politique, Mesopolhis) et Théo Borel (Doctorant en histoire, Mesopolhis)

13 h. 30

Allocution d’Eric Berton (Président d’Aix-Marseille Université), de Rostane Mehdi (Directeur de Sciences Po Aix), de Aurélie Philippe (Déléguée régionale CNRS Provence et Corse), et de Sophie Bouffier (Directrice de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme)

14 h. 00

Séminaire général de clôture
Invité : Giovanni Levi (Historien, Professeur des universités), à l’occasion de la traduction de son œuvre maîtresse L’Eredità Immateriale

Discussion : Dionigi Albera (Anthropologue, Directeur de recherche au CNRS) et Mohamed Tozy (Professeur des universités en science politique à Sciences Po Aix)