Rémi CARCELES, « Les Turcs de l’étranger, un électorat acquis à Erdogan ? », The Conversation, 2023.

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Les résultats des élections législatives et du premier tour de la présidentielle turque de ce 14 mai 2023 ont été accueillis avec une certaine surprise par les médias français suivant la campagne, dans la mesure où nombre d’entre eux avaient annoncé dans les jours précédents la fin de « l’ère » ou du « règne » de Recep Tayyip Erdogan.

Un étonnement qui peut s’expliquer à la fois par les nombreux sondages qui donnaient le président sortant défait par la coalition hétéroclite de six partis ayant fait front commun pour essayer de le faire chuter après 20 ans au pouvoir, mais aussi par une tendance au « wishful thinking » illustrant l’espoir du paysage politico-médiatique français de voir perdre le chef d’État turc.

Par exemple, parmi les Turcs de France amenés à livrer leurs analyses, seuls des opposants au gouvernement sortant ont été invités à développer leur point de vue sur le sentiment politique national, au détriment des sympathisants du président Erdogan. Un biais qui alimente le discours gouvernemental turc sur les « complots étrangers » visant à faire chuter le gouvernement, et qui contribue également à invisibiliser le vote des Turcs de France.

Ces derniers, comme la majorité des Turcs installés à l’étranger, sont en effet très majoritairement favorables au parti au pouvoir depuis l’ouverture des urnes dans les consulats de Turquie à l’occasion de l’élection présidentielle de 2014 qui fut la première à sacrer Recep Tayyip Erdogan. Jusqu’alors, le vote des ressortissants turcs n’était possible que depuis les postes-frontières de la Turquie, ce qui limitait bien plus la participation des expatriés.

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