Rémi CARCELES – Le développement de la stratégie gazière turque
L’escalade des tensions entre Kiev et Moscou ayant conduit à l’invasion de l’Ukraine par la Russie a refait du dossier de l’approvisionnement énergétique une priorité européenne, notamment suite à l’annonce de la suspension du projet de gazoduc North Stream 2 reliant l’Allemagne à la Russie. Sous la pression des États-Unis, et dans le contexte d’une nouvelle coalition gouvernementale suite à la retraite d’Angela Merkel, le nouveau Chancelier Olaf Scholz a en effet annoncé suspendre la mise en place de ce nouveau raccord énergétique et réfléchir à la possibilité de le remplacer par la construction de nouveaux terminaux méthaniers à même de transformer le gaz naturel liquéfié (GNL) transporté par voie navale. Un changement de politique qui profiterait essentiellement aux Américains, depuis peu devenus les premiers exportateurs mondiaux de cette ressource, à travers l’exploitation de leurs gisements de gaz de schiste. Mais à court terme, alors que les prix de l’énergie ne cessent d’augmenter pour les ménages européens, le problème du remplacement des sources d’hydrocarbures russes se pose dans l’immédiat, du moins tant que durera le conflit avec l’Ukraine. Dans cette optique, les autres projets de gazoducs autrefois marginalisés au profit du doublement de North Stream ou pour cause de difficultés annexes pourraient être ré-envisagés. Et si la nouvelle contrainte prioritaire de ce nouveau processus de sélection européen n’est plus uniquement le prix de revient du mètre cube de gaz, mais également la nécessité de réduire la part de la Russie dans les importations énergétiques afin de priver le régime de Vladimir Poutine d’un levier d’influence supplémentaire, c’est bien la Turquie qui pourrait dès lors rafler la mise.