Politiques de la violence
Organiser la lutte de la Colombie au Pakistan
par Amin Allal, Gilles Dorronsoro et Olivier Grojean (dir.)
Résumé
Si les violences politiques sont parfois le fait d’individus isolés, elles sont le plus souvent des actions organisées, c’est-à-dire inspirées, parfois planifiées, prises en charge, voire produites par des organisations dont les objectifs sont politiques. Les violences d’origine étatique sont, de loin, les plus meurtrières, mais celles des groupes non-étatiques demeurent une composante essentielle des dynamiques politiques contemporaines, partout dans le monde. Cet ouvrage met, plus particulièrement, l’accent sur ce deuxième type de violences, que la théorie politique considère, par principe, comme illégitime, mais qui, du point de vue des acteurs qui la perpétuent, peut se justifier, notamment quand il s’agit de protéger le statut d’un groupe dominant ou, à l’inverse, d’imposer les revendications d’un groupe marginalisé.
Les enquêtes présentées dans cet ouvrage proviennent de chercheur-e-s ayant une longue familiarité avec leur terrain, que ce soit en Afghanistan, en Algérie, au Burundi, en Colombie, en Libye, au Pakistan, en Turquie et, plus largement, au Moyen-Orient. Elles témoignent toutes qu’il ne manque pas d’individus prêts à passer à l’action violente. Cependant, la compétence individuelle dans l’exercice de la violence ne peut devenir une ressource pour l’organisation dont elle émane que si celle-ci est utilisée de manière disciplinée, relativement mesurée, et fidèle au sens que l’organisation lui confère. Le problème central des organisations qui y recourent n’est donc pas tant de produire de la violence que de la moduler, la canaliser et lui donner sens, d’où l’intérêt de se pencher sur les processus de rationalisation de son usage. Par ailleurs, les modes d’action violents produisent des effets durables et spécifiques sur les sociétés, qui compliquent souvent le retour à une expression pacifiée des conflits politiques.
Auteurs
Cet ouvrage a été dirigé par Amin Allal (CERAPS-CNRS), Gilles Dorronsoro (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et Olivier Grojean (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne).
Ont également contribué : Valeria Alfieri, Amélie Blom, Laurent Gayer, Jacobo Grajeles, Arthur Quesnay et Nedjib Sidi Moussa.
Date de publication
18/11/2021
Sommaire
Introduction. Les violences politiques, des actions organisées – Amin Allal, Gilles Dorronsoro et Olivier Grojean
Chapitre 1. Du combat politique à la lutte armée ? Les militants-combattants au Burundi – Valeria Alfieri
Chapitre 2. L’acquisition de compétences militaires chez des indépendantistes algériens. Le cas des partisans de Messali Hadj – Nedjib Sidi Moussa
Chapitre 3. Pratique et encadrement de la violence armée. Le cas de la première guerre civile libyenne – Arthur Quesnay
Chapitre 4. Violences et répertoires. Repenser les modes d’action du PKK avec Charles Tilly – Olivier Grojean
Chapitre 5. Raison stratégique, hiérarchie ethnique et logique biopolitique. Notes sur la polysémie des massacres dans la guerre d’Afghanistan – Gilles Dorronsoro
Chapitre 6. Medellín : des « bandes » à la contre-insurrection – Jacobo Grajales
Chapitre 7. Des dissensions estudiantines à la guerre de campus. L’escalade de la violence politique à l’université de Karachi (1979-1991) – Laurent Gayer
Chapitre 8. Conflit d’émotions. Les émeutes anti-« caricatures danoises » de 2006 à Lahore (Pakistan) – Amélie Blom
Liste des contributrices et contributeurs
Bibliographie
Recensions et interventions
Mediapart, 2022, Entretien avec Gilles Dorronsoro et Adel Bakawan, « Irak, Afghanistan : radioscopie d’un interventionnisme destructeur »
Olivier Grojean, 2022, « Tribune - Moyen-Orient : "Il apparaît nécessaire d’imposer le Parti des travailleurs du Kurdistan à la table des négociations" », Le Monde, 11 décembre
France Culture, 2023, Série « Les Kurdes, peuple en colère ». « Épisode 2/3 : Europe : une diaspora inquiète » avec Olivier Grojean, 17 janvier.
Cause commune 93.1fm, 2023, émission #141 : « La question kurde avec Olivier Grojean », 11 janvier.