Lauréat du prix de thèse de la MMSH 2024 : félicitations à Lucas Faure !
Le prix de thèse de la MMSH 2024 a été attribué à Lucas Faure pour sa thèse en science politique intitulée « Gouverner le social par le religieux : les ONG humanitaires musulmanes en France » !
Afin de célébrer cette annonce, une cérémonie est organisée le lundi 20 janvier 2025, à 15h30. Elle sera suivie d’une dégustation de la galette des rois en salle de convivialité du bâtiment C de la MMSH.
Résumé de la thèse :
Originaires du Royaume-Uni, les ONG musulmanes apparaissent en France dans les années 1990. Le Secours islamique France, Human Appeal, Muslim Hands, Ummah Charity, Syria Charity, Au Cœur de la Précarité ou LIFE font partie des associations emblématiques. Depuis les années 2010, les ONG humanitaires musulmanes s’affirment comme les acteurs les plus dynamiques du champ associatif islamique, au point de devenir pour certaines des partenaires durables des pouvoirs publics. Présentes dans les grandes villes françaises, elles s’insèrent dans des réseaux locaux de solidarité à travers différentes activités (distributions alimentaires, maraudes, hébergement d’urgence, soutien scolaire, accompagnement administratif, etc.), tout en menant des programmes humanitaires à l’international. Ces associations développent également des actions de plaidoyer, prennent la parole sur des sujets politiques et médiatiques, voire dénoncent les rapports de domination Nord/Sud ou les inégalités sociales en France.
Par son approche à la fois sociohistorique et ethnographique, la thèse apporte un éclairage inédit sur l’humanitaire islamique en France, dans un environnement sécularisé, minoritaire et concurrentiel marqué par l’interventionnisme étatique. À rebours de la rhétorique républicaine qui stigmatise les confessionnalismes, l’État délègue aux ONG musulmanes une gestion particulariste des publics musulmans. À la reconnaissance au nom d’une utilité confessionnelle, répond une stigmatisation confessionnelle qui place les ONG humanitaires musulmanes dans une relation de subordination utile vis-à-vis de l’État. Une injonction paradoxale est alors adressée aux musulmans, puisqu’il leur faut être « musulmans mais pas trop ! ». Le paradoxe de la stigmatisation d’acteurs associatifs, pourtant indispensables au gouvernement du social par le religieux, est ainsi au cœur de l’étude.