Ouvrage de Constance De Gourcy : « L’impensé de l’absence. (En)quête sur le lien social à distance »
Constance De Gourcy, Collection Migrations – PUFR, juin 2024, 156p.
Issu d’un mémoire d’habilitation à diriger des recherches, cet ouvrage court mais dense propose de combler un manque dans la littérature sociologique francophone. En effet, depuis les travaux fondateurs du sociologue Abdelmalek Sayad, le terme d’absence a déserté la recherche à l’exception des ouvrages s’inscrivant dans le champ de la maternité transnationale. Ce constat est d’autant plus paradoxal qu’il existe dans l’espace académique anglophone une anthropologie et une géographie de l’absence actuellement en plein essor.
L’ouvrage prend appui sur la formation de ce silence car il fait surgir un impensé autour de la difficulté à traiter d’un objet dont l’évidence ne s’impose plus en sociologie. Pour mener à bien cette (en)quête de sens, ce livre s’appuie sur une lecture approfondie des principaux travaux fondateurs de la discipline, classiques et contemporains, afin d’y trouver des pistes possibles permettant de retracer une histoire de l’émergence de l’absence comme objet de connaissance tout en explorant ses multiples ramifications dans le temps et l’espace. Cet objectif se double d’un enjeu plus global qui consiste à montrer que la notion n’a pas seulement une portée descriptive dans notre monde en mouvement. Ce qui est institué dans l’absence permet de voir quelles sont les multiples résistances opposées aux logiques de transformations structurelles du monde et aux inégalités d’accès à la mobilité.
Lien éditeur : https://pufr-editions.fr/produit/limpense-de-labsence/
Notice HAL : https://hal.science/hal-04602761
Table des matières
- Préambule
- Introduction
- Chapitre 1. L’absence : objet silencieux de la sociologie
- (En)quête d’absence
- Enjeux et limites de la co-présence
- In absentia : rumeur, commérage chez Erving Goffman
- Maurice Halbwachs et la fin de l’opposition entre présence et absence
- Encadré. L’absence dans les récits antiques : un point de vue féminin
- Chapitre 2. Une sociologie de l’absence est-elle une sociologie du corps ?
- La crise de la présence
- L’œil et la fabrique du lien chez Georg Simmel
- L’adoption internationale : s’attacher par la vue
- La voix qui relie
- Absence et dispositif carcéral
- S’entretenir avec l’absent.e : la matière sensible du lien
- Le corps affecté : les émotions dans l’absence
- Encadré. Inventer l’absence
- Chapitre 3. Relations d’absence et régimes de coexistence
- Absence et sociétés animales
- Relations d’absence au prisme du genre
- La séparation à l’épreuve de la mort
- Guerre et absence genrée
- La famille transnationale
- Encadré. Faire famille à distance
- Le passé, le présent et le futur de l’absence
- La cryogénisation : organiser l’absence
- Encadré. Le colonel Chabert : le retour d’un absent
- Chapitre 4. Vers une société d’absent.e.s ?
- Transnationalisme et absence
- L’absence impensée : biais techniciste, biais évolutionniste
- L’énigme du maintien des liens à distance
- La production sociale et politique de l’absence
- Encadré. Patrimonialiser les migrations, représenter l’absence au Musée
- Chapitre 5. Les sociétés contemporaines au prisme de l’absence
- L’absence à l’épreuve de la solitude et de l’isolement
- L’absence et l’exil dans les camps
- Encadré. La musique de l’absence
- Disparaître : une absence sans fin
- L’absence : une institution ?
- Encadré. Le Panopticum
- Conclusions
- Ouvertures méthodologiques : observer, documenter l’absence
- Se souvenir de l’absence ?
- Une sociologie par l’objet : les artefacts de l’absence
- Encadré. Peut-on photographier l’absence ? Roland Barthes et la photographie manquante
- Bibliographie