Enquêter en terrain extrêmophile oblige une posture armée épistémologiquement et théoriquement mais contraint tout chercheur à la distanciation participante. À partir d’une enquête réalisée auprès de familles vivant à Mayotte dont la particularité est d’avoir un enfant en situation handicap et sans-papier, ce chapitre vise à discuter des conditions de possibilité d’une enquête en situation de pauvreté extrême. Aux difficultés méthodologiques et épistémologiques s’ajoutent des difficultés juridiques et éthiques, puisque la rencontre avec toute population marginalisée nécessite 1) des conditions balisées pour recueillir la parole, 2) l’accompagnement de traducteurs pour négocier un espace de dialogue, 3) une collecte de données sensibles en milieu étrange(r). L’enjeu est de a) questionner le positionnement du chercheur ; b) interroger les tensions et les contradictions de sa pratique en milieu extrêmophile. Cette contribution vise à produire des éléments de réflexion sur les modalités scientifiques, éthiques et sociétales du métier de chercheur embarqué qui, dans ce milieu, doit -ou risque de- devenir extrêmotolérant pour témoigner de l’extrême. Une première modélisation est alors envisagée.