Call for papers: 4th issue of the doctoral journal Mutations en Méditerranée, «Empathy and justice in the Mediterranean: when emotion becomes the norm».»
Date limite de réception des propositions : jeudi 15 janvier 2026 à 17h
Hello everyone,
La revue académique Change in the Mediterranean invite les jeunes chercheuses et chercheurs à envoyer leurs propositions d’articles pour son numéro 4 sur le thème :
Empathie et justice en Méditerranée : quand l’émotion devient la norme
Les émotions, longtemps étudiées par la psychologie sociale, les neurosciences ou la littérature, sont aujourd’hui explorées dans un nombre croissant de disciplines des sciences humaines et sociales : droit (Jeuland, 2020), science politique (Braud, 1996), anthropologie (Le Breton, 1998), histoire (Corbin et al., 2016) ou sociologie (Hochschild, 1979). Ce mouvement s’inscrit dans le tournant émotionnel des sciences sociales (Taïeb, 2024), qui reconnaît les émotions comme des phénomènes sociaux à part entière. En revanche, l’empathie demeure peu explorée dans une approche véritablement interdisciplinaire. Si la psychologie et les neurosciences l’ont largement étudiée (Decety & Jackson, 2004 ; Singer & Lamm, 2009; De Waal 2010), les travaux en sciences humaines et sociales restent limités, traduisant un intérêt émergent pour son rôle social, moral et normatif. Ce numéro thématique de Change in the Mediterranean se propose d’étudier la relation entre justice et empathie dans la région méditerranéenne, non seulement dans le domaine juridique mais au-delà, dans d’autres contextes sociaux normés et à travers plusieurs approches disciplinaires.
Le mot empathie apparaît en 1873 sous la plume du philosophe Robert Vischer (Le sentiment optique de la forme), où il désigne la projection esthétique du spectateur dans l’œuvre d’art. Ce n’est qu’au XXᵉ siècle que le mot quitte le domaine de l’esthétique pour entrer dans celui de la psychologie et des sciences sociales. Sous l’influence, notamment, des travaux de Theodor Lipps puis de la psychologie nord-américaine, l’empathie en vient à désigner la capacité de comprendre les émotions, les besoins et les états internes d’autrui. L’accent n’est plus mis sur la projection subjective dans un objet, mais sur la relation interpersonnelle et la reconnaissance de l’autre comme sujet.
La justice, comprise comme système de régulation des conflits et de répartition des droits, suppose une part de projection empathique : comprendre la situation d’autrui, percevoir son préjudice, imaginer son point de vue. Cette imbrication traverse l’histoire, des premiers textes législatifs aux débats contemporains. Au-delà du droit, l’archéologue qui reconstitue la vie d’une population disparue, le sociologue qui observe la mobilisation des émotions collectives ou l’historien qui étudie la charité médiévale mobilisent chacun une forme d’empathie cognitive ou morale. Ce numéro entend ainsi explorer la relation entre justice et empathie, à la croisée des disciplines et des temporalités, afin de comprendre comment cette émotion contribue à la production, la transformation ou la contestation des normes et irrigue les pratiques sociales et les représentations collectives jusqu’à susciter l’inspiration pour la création d’oeuvres artistiques telle celle réalisée par Banksy (Londres, 2025). Il sera également l’occasion d’interroger la place de l’empathie au cœur du processus scientifique (Gallenga, 2008) de disciplines variées, à la fois dans le choix et le traitement des sujets, la construction des savoirs, la conduite d’un terrain de recherche, ou dans le rapport aux enquêtés.
En suivant trois axes (voir l’appel complet), cet appel à communication invite les contributeurs.ices à interroger l’empathie comme émotion constitutive du sentiment de justice, et d’analyser comment elle façonne, nourrit ou conteste les normes juridiques et sociales :
- L’empathie créatrice de normes sociales et juridiques
- La place de l’empathie dans la mise en œuvre de la justice et la mobilisation sociale
- Alternatives contemporaines : management, entreprenariat, urbanisme et environnement
Submission conditions
Proposals for contributions must contain between 2,500 and 5,000 characters(espaces compris, hors bibliographie). Elles doivent contenir un titre, des mots-clés et la bibliographie utilisée. Elles sont acceptées en français ou en anglais. Consulter les normes éditoriales. Les propositions doivent être envoyées sous format Word (.docx) à l’adresse suivante : mesopolhis-revue-mem[at]univ-amu.fr. Merci d’indiquer dans l’email votre statut et votre affiliation. Date limite de retour des propositions d’articles : jeudi 15 janvier 2026, 17H.
Mutations en Méditerranée (MeM) est une revue scientifique pluridisciplinaire qui s’intéresse aux transformations prenant place dans l’espace méditerranéen. Gérée par des doctorant·es et portée par le laboratoire MESOPOLHIS (Aix-Marseille Université et Sciences po Aix), elle offre un espace de publication aux jeunes chercheur·ses à travers un numéro thématique annuel, en accès ouvert, et accueille des articles en anglais et en français.
APPEL COMPLET [fr] : https://www.revue-mem.com/581
En anglais : https://www.revue-mem.com/583
Le comité de rédaction du troisième numéro :
- Sara Ben Amor, doctorante contractuelle spécialisée en droit contractuel et droit du numérique, Aix-Marseille Université, Centre de droit économique (CDE), ED 67
- Matthieu Guillou, doctorant contractuel en archéologie, Aix-Marseille Université, CNRS, Ministère de la Culture, Centre Camille Jullian, ED 355 – Président fondateur de DatArk
- Delphine Monrozies, Enseignante – chercheure en art et technique de la représentation, école nationale supérieur d’architecture de Marseille, doctorante en architecture à Project(S), Aix-Marseille Université, ENSA.M, ED 355
- Constance Moréal de Brevans, doctorante en anthropologie, Aix-Marseille Université, CNRS, IDEAS, ED 355
- Maïa Tahiri, doctorante en sociologie, Aix Marseille Université, Sciences Po Aix, CNRS, MESOPOLHIS, ED 355
Crédit photo de couverture : © Publication Instagram sur le compte de Banksy. Royal Courts of Justice, Londres, 08 septembre 2025
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