Séminaire METISS, séance 6 : « Collectes sensibles et approches multimodales »
Détails
Quelques informations sur le séminaire annuel « MEthodes créaTIves dans la recherche en Sciences humaines et Sociales » (METISS) :
En septembre 2024, se constituait un collectif interdisciplinaire associant ingénieurs d’appui à la recherche et enseignants chercheurs affiliés à trois unités : le MESOPOLHIS, l’IREMAM et l’URMIS-Nice, intéressés par la question de l’usage des méthodes créatives dans la recherche en SHS. Ainsi est né le séminaire METISS, « MEthodes créaTIves dans la recherche en Sciences humaines et SocialeS » dont l’ambition était de partager une culture de l’enquête allant au-delà d’une pratique centrée sur l’entretien ou le questionnaire et recourant tantôt à la photographie, la recherche par l’écoute et l’immersion sonore, la cartographie sensible ou alternative, la bande dessinée et les fanzines, la pratique des arts du spectacle (liste non exhaustive). Ces pratiques d’enquête qui s’articulent en partie aux pratiques artistiques (en anglais on parle « d’arts-based method », Leavy 2015 ; Moralli, 2024) témoignent en même temps qu’elles y participent, d’un « tournant créatif » (Hawkins, 2015 ; Houdard-Merot, 2024 ; Guinard, Guitard, 2022) mais également d’un tournant réflexif et éthique dans les recherches en sciences humaines et sociales. Que font ces méthodes à l’enquête et plus largement à la production de savoirs ? Que permettent-elles par rapport à des démarches plus classiques ? Quels en sont les intérêts et les limites ?
Autant de questions et réflexions qui animent nos rencontres : elles reposent sur une volonté commune de questionner les « coulisses » de la recherche, sans que cela se réduise à l’utilisation de recettes toutes faites ou applicables à n’importe quelle situation ou n’importe quel contexte. Une autre originalité de ces rencontres est de s’accorder des moments de respiration : en laissant du temps aux participant.e.s d’exposer leur démarche et de parler d’une enquête non encore aboutie ou en train de se faire. En réponse à ces questions initiales, les rencontres du séminaire METISS constituent un lieu d’échange particulièrement fertile autour de ces méthodologies, de ces croisements de pratiques entre chercheurs issus de différentes disciplines et artistes, mais aussi des réflexions éthiques et épistémologiques.
Le séminaire METISS articule des séances plénières (demi-journée ou journée d’étude) à des ateliers d’initiation méthodologique et des ateliers réflexifs.
Certaines séances sont organisées en partenariat avec le séminaire MERS : https://ecrituresmig.hypotheses.org/.
Comité d’organisation :
Anne Tricot, Sylvie Chiousse, Constance de Gourcy, Aline Chamahian, Jean-Baptiste Bertrand, MESOPOLHIS – UMR 7064, Aix-Marseille-Université, CNRS et Sciences Po Aix.
Sarah Andrieu, Francesca Sirna, URMIS Nice – UMR 205, Université de Paris et Université Nice Côte d’Azur, IRD, CNRS.
Saïd Belguidoum, Vanessa Guéno, IREMAM – UMR 7310, Aix-Marseille-Université et CNRS.
Maria Elena Buslacchi, Elisa Ullauri-Llore, Observatoire des publics et des pratiques de la culture et MESOPOLHIS.
Illustration : Émilie David, MESOPOLHIS.
Communication : Péroline Rouillard et Vanina Beauchamps-Assali, MESOPOLHIS.
En savoir plus :
Les séances de METISS se déroulent à Aix-en-Provence (MMSH ou Campus Schuman) et Marseille (lieux à définir). Le format des rencontres (exceptées les ateliers d’initiation méthodologique en présentiel) est aussi en mode hybride. L’inscription est gratuite mais obligatoire.
⚠ Pour s’inscrire et obtenir le lien en visio, veuillez contacter : Anne Tricot (anne.tricot[at]univ-amu.fr) et/ou Sylvie Chiousse (sylvie.chiousse[at]univ-amu.fr).
Mercredi 10 décembre 2025 | 9h45 – 15h | Mmsh
Séance en association avec l’axe 2 « Migrations, mobilités, circulations » et l’atelier doctorant·es du MESOPOLHIS.
Programme :
- 9h45 à 12h30, Salle PAF – Mmsh d’Aix-en-Provence : Séance plénière
9h45 : Café accueil des participants
10h : Anne Tricot, géographe, ingénieure CNRS – MESOPOLHIS, Introduction du séminaire METISS
10h15 – 10h45 : Valérie Cuzol, sociologue, chercheuse au Centre Max Weber. Titre de son intervention : « De l’intime au politique, la narrativité des choix funéraires en contexte d’immigration ». Une enquête s’appuyant sur la réalisation d’entretiens et la co-réalisation d’un film documentaire.
Résumé de son intervention :
La contribution propose de revenir sur une expérimentation filmique opérée dans le cadre de ma thèse en sociologie sur les enjeux sociopolitiques et identitaires des ritualités funéraires d’immigrés issus de l’immigration maghrébine et de leurs descendants[1]. Combiné aux différentes méthodes de l’enquête et co-réalisé avec le photographe Frédéric Lecloux[2], dans une approche à la fois biographique, documentaire et poétique, le film Quel côté de l’absence ? (2018)[3] rend compte de paroles rares sur un sujet délicat, à partir de récits intimes filmés et plusieurs régimes de photographies[4]. La construction collaborative du film et les différentes réflexions et débats suscités lors des projections interrogent la dimension trilogique du dispositif filmique et les discours produits lorsqu’ils sont médiés par l’image. Nous reviendrons tout d’abord sur les usages de la photographie dans la démarche ethnographique adoptée dans la recherche, sa place dans les choix formels du documentaire avant de questionner dans une seconde partie la médiation des images fixes et animées et les difficultés à penser et à parler avec les protagonistes et les spectateurs dès lors que le propos du film charrie des questions sociales régulièrement discutées de manière controversée dans le débat public.
Voir le teaser : https://vimeo.com/292694642
10h45 – 11h00 : Kaan Doganok, sociologue, doctorant au MESOPOLHIS, discutant
11h00 – 11h15 : discussion avec la salle
11h15 – 12h00 : Pierre Peraldi-Mittelette, ethnologue, chercheur associé au LACNAD (UR4092 – INALCO) et chargé d’édition à l’Institut François Geny – Université de Lorraine. Titre de son intervention : « Pour une étude sensorielle de la communicabilité du sentiment d’exil : la place des images ».
Résumé de son intervention :
Mon intervention s’intéressera à la place de la photographie et de l’image pour les membres de la diaspora touarègue installés en Europe. Il s’agira dans un premier temps d’aborder le contexte en revenant sur la place des représentations en exil.
Une part des membres de la communauté se structure en associations qui organisent des événements. Ces derniers sont pensés comme des espaces de rencontres où les membres de la diaspora se retrouvent dans des cadres propices aux échanges, et où les personnes extérieures à la communauté sont attendus pour assister à des mises en scène de la vie quotidienne dans les campements nomades. Les événements sont donc à la fois porteurs d’une image entre soi, nécessitant des photographes qui permettent la communication au sein du groupe, et acceptant des photographes extérieurs qui sont là pour capter ce qui est donné à voir. J’ai occupé les deux rôles entre 2011 et 2021.
Avoir été photographe pour les associations et pour mes propres recherches m’a permis de saisir ces images comme témoignant non seulement de l’exil des Touaregs, mais également d’une absence présente : celle des campements, de la vie sociale laissée derrière soi, ainsi que des paysages. Cette absence est marquante sur des photographies de campements d’inspiration saharienne bâtis dans le bocage normand. À partir d’exemples de photographies de groupes captées lors des saynètes jouées pendant les Rencontres annuelles de la diaspora touarègue en Europe, il s’agira de revenir sur la manière de fouiller la donnée, en s’appuyant essentiellement sur les formats IIIF. Grâce à ce procédé, les photos ne sont plus uniformes, mais chaque détail devient accessible et peut être analysé. Chacun de ces éléments peut être également annoté et isolé, tout comme l’image peut être restructurée afin de faire ressortir certains éléments.
Enfin, ces éléments permettront d’ouvrir la discussion sur les pratiques photographiques avec et pour la société, en interrogeant le devenir de ces données, leur entreposage et les questions éthiques et juridiques qui leur sont inhérentes.
12h00 – 12h15 : Constance De Gourcy, sociologue et enseignante chercheuse AMU – MESOPOLHIS, discutante
12h15 – 12h30 : discussion avec la salle
- 12h30 à 13h00 : pause
- 13h à 15h00 : Salle 101, Mmsh d’Aix-en-Provence. Séance atelier de formation à la recherche doctorante (accès limité : contacter Anne Tricot).
Pierre Peraldi-Mittelette : Les analyses multimodales à partir d’un projet de cartographie sensible et sensorielle numérique- atelier de formation à la recherche des doctorants (ouvert aussi aux non-doctorants, places limitées).
Résumé :
L’atelier consistera en une présentation d’un logiciel d’exposition de corpus, OMEKA S, qui permet de rendre interopérables des corpus divers (photographies, iconographies, audios, textuels, cartographiques, audiovisuels, etc.). Nous reviendrons pour cela sur un projet de cartographie sensible et sensorielle appuyée par ordinateur, le projet Cartosens (https://cartosens.hypotheses.org/) qui va prendre prochainement une toute autre tournure grâce à ce logiciel. Nous débuterons par une présentation du CMS, puis par une démonstration étape par étape de ce qu’il est possible de faire à partir de différents corpus.
Bibliographie des intervenants en lien avec la séance :
– Valérie Cuzol, « Saisir le politique dans le récit intime. Retour sur une expérience filmique et ethnobiographique », Hommes & migrations [En ligne], 1335 | 2021, mis en ligne le 01 janvier 2024, consulté le 27 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/hommesmigrations/13294 ; DOI : https://doi.org/10.4000/hommesmigrations.13294
– Peraldi-Mittelette, P. (2023). Se ressentir en exil et le communiquer Interactions sensibles entre des Touaregs et leurs amis en France. L’Ouest Saharien, . 18(1), 107-131. https://doi-org.bases-doc.univ-lorraine.fr/10.3917/ousa.231.0107.
-Pierre Peraldi-Mittelette, « Approches sensibles des ambiances touareg en France. Cartographie d’une rencontre dans le bocage normand », Revue européenne des migrations internationales [En ligne], vol. 40 – n°4 | 2024, mis en ligne le 31 décembre 2024, consulté le 25 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org.bases-doc.univ-lorraine.fr/remi/27628 ; DOI : https://doi-org.bases-doc.univ-lorraine.fr/10.4000/138i4
-Hinde Maghnouji et Pierre Peraldi-Mittelette, « Introduction. Les objets : traces et témoins de l’exil », Journal des africanistes [En ligne], 94/1-2 | 2024, mis en ligne le 30 avril 2025, consulté le 24 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org.bases-doc.univ-lorraine.fr/africanistes/13642 ; DOI : https://doi-org.bases-doc.univ-lorraine.fr/10.4000/13wb4
[1] Dans une approche ethnographique, l’enquête combine des recherches documentaires, des observations, des entretiens d’élus, de professionnels et de religieux (58) et des entretiens biographiques (52) en privilégiant plusieurs rencontres avec les personnes interrogées dans des contextes différents, l’approfondissement des trajectoires familiales auprès de plusieurs membres de la même famille et la réalisation d’un film participatif.
[2] Frédéric Lecloux est photographe belgo-français (distribué par l’Agence VU’ depuis 2003), écrivain et directeur de collection aux éditions Le Bec en l’air.
[3] Film produit avec le soutien du musée Nicéphore Niépce, la Société des Amis du musée Nicéphore Niépce, le Centre Max Weber, la DRAC Bourgogne-Franche-Comté, la région Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Chalon.
[4] Accès au teaser du film : https://vimeo.com/292694642
Prochaine séance METISS :
- À venir
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