Rozenn NAKANABO DIALLO, « Politiques de la nature, Nature de l’Etat. Fabriquer l’action publique au Mozambique », Monographie, Ed. Karthala, 2022.
Résumé
Cet ouvrage montre la relation étroite entre politiques de la nature et nature de l’Etat appliquée au cas du Mozambique. L’étude des politiques publiques de la nature sur le temps long y met en lumière le (re)déploiement d’un l’Etat aux faibles capacités sur l’ensemble du territoire, mais que permet toutefois l’émergence de nouveaux bâtisseurs : une élite administrative au service de l’Etat, rémunérée par des bailleurs de fonds internationaux, pilotes de politiques publiques dorénavant transnationales.
Dans un contexte de « ni guerre ni paix », le Mozambique est ainsi sous régime d’aide : des organisations internationales, des ONG et des fondations philanthropiques « font avec » ou « font à la place » de l’Etat. Qu’il s’agisse du contrôle du territoire national ou de l’élaboration de textes réglementaires, les frontières de l’Etat et de sa souveraineté sont floues.
Comment dénicher l’Etat, dès lors que le pilotage de l’action publique semble à bien des égards lui échapper ? Cette question est vive au Mozambique, car les politiques liées à la terre, et notamment les parcs nationaux, sont traditionnellement des instruments de domination territoriale et des populations. L’enjeu est donc loin d’être exclusivement écologique. Partout, aux Nords comme aux Suds, les parcs sont des marqueurs de bureaucratisation du territoire et, ici, la pièce maîtresse d’une stratégie de maintien et d’expansion de l’Etat-parti Frelimo.