Chapitre d’ouvrage : « La peine d’en être ? Sociologie politique du malheur militant dans les conflits de proximité » par Stéphanie DECHEZELLES in « Le malheur militant » Ed. De Boeck Superieur sous la direction de Olivier FILLIEULE, Catherine LECLERCQ et Rémi LEFEBVRE.
Présentation
Si les gratifications du militantisme ont été amplement étudiées, on connaît moins les souffrances qu’il peut générer : désillusions, dévalorisations, doutes, tensions, usure, répression, exil… Cet ouvrage les explore de manière inédite et propose une analyse sociologique là où les approches psychologisantes sont souvent privilégiées. Loin de décourager l’action collective, il vise à objectiver des mécanismes d’autant plus douloureux qu’ils restent impensés : fermeture des possibles, évolution des rapports de force, des stratégies et des répertoires d’action, tarissement des rétributions, transformations morphologiques des groupes mobilisés, désajustements entre trajectoires institutionnelles et individuelles.
Les auteurs s’attachent à comprendre autant qu’à expliquer ces logiques à partir d’une pluralité de méthodes et d’objets (engagements partisans, associatifs, syndicaux, religieux, à l’échelle locale, nationale ou internationale), faisant de ce volume une référence sur les rouages de l’engagement et une contribution originale à la sociologie des affects.
Sommaire
INTRODUCTION. Les tribulations de l’engagement. Contribution à une sociologie des affects, par Olivier FILLIEULE, Catherine LECLERCQ et Rémi LEFEBVRE
PREMIÈRE PARTIE. Les coûts de l’engagement : tensions et dilemmes
1. Clémentine COMER, Bleuwenn LECHAUX, Un malheur de femmes ? Infortunes des militantes engagées dans la gauche radicale des années 1970
2. Stéphanie DECHEZELLES, La peine d’en être ? Sociologie politique du malheur militant dans les conflits de proximité
3. Luc SEMAL, L’adieu aux deux degrés. Militer à l’heure des irréversibilités écologiques et climatiques
4. Karine LAMARCHE, « Qui suis-je si je ne milite plus ? » Le refuge berlinois des Israélien.n.es (dés)engagé.e.s contre l’occupation
5. Joseph HIVERT, L’enfance du désordre. Une approche sociologique de la souffrance des enfants de prisonniers politiques au Maroc
DEUXIÈME PARTIE. En porte-à-faux avec l’institution : adaptations et renoncements
6. Philippe GOTTRAUX, Cécile PÉCHU et Nuno PEREIRA, La variation des émotions négatives lors de scissions. Le cas d’une organisation marxiste-léniniste dans les années 1970
7. Manuel CERVERA-MARZAL, Le tiraillement organisationnel au sein de Podemos. Ressources et modalités d’adaptation au mal-être militant
8. Rémi LEFEBVRE, Souffrir mais tenir. Le malheur des militants de la gauche du Parti socialiste
9. Catherine LECLERCQ, La relégation. Un ouvrier communiste « quitté par le parti »
10. Nicolas SIMONPOLI, Condamné à rester ? Le désarroi d’un permanent cégétiste en reconversion professionnelle
11. Yann RAISON DU CLEUZIOU, Mystique et sollicitude : les répertoires de gouvernement des religieux éprouvés par la « tentation » amoureuse (années 1940 – années 1970)
POSTFACE par Bernard PUDAL