Frédéric Monier – Intervention sur France Culture : « Incarcération de Nicolas Sarkozy : que nous enseigne l’histoire de la corruption ? »
Intervention de Frédéric Monier dans le podcast « Questions du soir : l’idée » de France Culture publié le lundi 20 octobre 2025.
La condamnation et l’incarcération le 21 octobre 2025 de Nicolas Sarkozy ravivent une vieille question française : que révèle notre rapport à la corruption ?
Entre indignation, défense d’un « ancien chef d’État » et appels à la grâce présidentielle, les réactions traduisent moins un scandale isolé qu’un trouble profond dans la morale publique. La justice, la vertu et la confiance politique semblent parler des langues différentes. De la tolérance à la défiance, que disent ces affaires de notre rapport collectif à la justice, à la probité et au pouvoir ?
“Le moment fondateur dans l’histoire de la corruption politique ou dans la politisation de la question de la corruption, c’est la Révolution française” raconte Fréderic Monier. “Aux yeux de Robespierre, le seul remède contre la corruption était la vertu” et celle-ci ne pouvait “s’exercer sans terreur”. La corruption “revêt plusieurs visages” et “l’un de ces visages, c’est la corruption électorale” puisque l’on “invente au XIXe siècle un gouvernement qui repose sur l’élection”. Avec l’élargissement du corps électoral, “on découvre des procédés frauduleux d’obtention des suffrages”. Il s’agit “d’acheter, en quelque sorte, plus vite la distinction honorifique”.
Pour autant, la corruption, n’est pas seulement politique, elle peut également être économique. “La corruption est liée aussi dans l’esprit des Français depuis les années 1780 à l’agiotage, qui est une forme de spéculation boursière” explique Frédéric Monier. L’agiotage se faisait à l’époque “essentiellement sur les emprunts d’État, donc sur la rente, dans une période de très forte inflation”.